Ce que je voulais c’était lire et vendre dans l’épicerie.
J’ai été élevée par des grands-parents épiciers. Dès l’âge de cinq ans, j’avais ma table où je vendais des gâteaux le jour du marché. Pour me récompenser de tenir cette table de gâteaux, j’avais un pourcentage de ce que je vendais. Avec cet argent, je filais à la librairie du village. C’était à la Roche-Bernard. Et j’achetais des livres.
Dès que j’ai su lire, j’ai été responsable de la bibliothèque de la classe. Tout le temps, en primaire. Avec grand plaisir. Vers dix-huit, vingt ans, j’ai été bénévole dans une bibliothèque municipale. Même quand j’ai quitté Férel, j’ai continué à être bénévole peut-être bien jusqu’à trente-cinq, quarante ans. J’ai eu des formations en tant que bénévole.
J’ai monté je ne sais combien de projets dans ma vie.
A chaque fois, il y avait quelque chose qui coinçait. Après une formation de gestion, Je monte le projet de librairie. J’envisage d’ouvrir cette librairie avec quelqu’un. Cette fois encore, ça ne marche pas. Par la suite, J’accepte une proposition du centre où j’avais fait ma formation : je deviens formatrice. Là, j’ai appris à animer, à créer des évènements.
La gestion, les livres, les évènements. C’est ce que je retrouve aujourd’hui.
Après le dépôt de bilan du centre de formation, une curieuse opportunité se présente. Mes voisins paludiers me disent « Pourquoi tu ne reprendrais pas notre boutique ? ». Je voulais monter une librairie, pas vendre du sel ! Et pourtant c’est ce que j’ai fait. Les premiers temps, dans ma toute petite boutique de 7m², il y a ¾ de livres et ¼ de sel. Petit à petit, le sel a pris plus de place et le rayon livre a diminué. J’ai bien vu que c’était le sel qui se vendait. J’ai tenu ma boutique pendant huit ans, à Pornichet. Biocoop, c’était après.
C’est là où je me suis vraiment familiarisée avec le bio. Et c’est là où nous nous sommes rencontrées avec Jacqueline. Elle avait eu le projet d’ouvrir un restau bio. Finalement salon de thé-librairie- restau bio, ce n’est pas si loin. L’envie, permanente, obsédante, de me réinstaller à mon compte ne m’a jamais quittée. Je suis à ma place à mon compte parce que je choisis ce que je vends. Je ne peux vendre que ce que j’aime manger ou lire. Mes grands-parents m’ont transmis le plaisir de vendre et de choisir des bons produits. Le plaisir, aussi, avec les clients, le plaisir du contact, le plaisir du partage. J’ai toujours eu le projet d’ouvrir une librairie-salon de thé depuis que j’ai dix-huit ans.
L’idée du salon de thé, c’est prendre son temps et partager.
Prendre son temps pour déguster une bonne saveur, pour lire, pour choisir, pour discuter. Partager des lectures, des saveurs, des couleurs, avec les tableaux, des discussions, ça s’appelle la culture. Rencontrer les gens, c’est toujours apprendre. Et moi, j’adore ça, apprendre.
Jocelyne, co-gérante du Salon de thé-librairie-épicerie fine Au Pré Vert à Saint-Nazaire - Page Facebook
Le 19 Août 2014 - Saint-Nazaire