Je suis animatrice socioculturelle. Je ne dis pas « animatrice jeunesse ». Si on veut être au plus proche de la jeunesse, il faut aussi connaître tout leur entourage. D’où « animatrice socioculturelle » qui prend tout en compte. C’est un métier où l’humain est au centre de tout.
Il m’a fallu du chemin pour me dire que finalement j’allais travailler dans l’animation socioculturelle. Avant, de toute manière « l’animation, ce n’était pas un vrai métier ». J’avais fait des colos, des centres de loisirs, en disant « allez, je fais ma dernière saison« . Je ne connaissais pas vraiment ce milieu avec ces personnes qui faisaient un travail à temps plein pour animer la vie de quartier. Pendant mes études, j’ai fait des stages. Le premier, c’était en école primaire. Je me suis dit : « Ah ! Les enfants, là, la manière dont on parle d’eux et ce qu’on leur fait faire, je n’ai pas envie de faire ça et surtout pas comme ça. ». Sans avoir la vision d’où on pouvait le faire autrement. Ensuite, une fois que j’ai eu mon diplôme de Com, je me disais, si on me demande de faire un projet sur un truc auquel je n’adhère pas du tout, comment est-ce que je vais pouvoir créer quelque chose ? Je crois qu’au final, ce qui était là tout le temps c’était la question de sens. Quand je suis revenue de la Réunion, je connaissais quelqu’un qui était dans l’animation socioculturelle. Je suis allée le voir pour lui exposer ma manière de penser ce qu’était l’animation socioculturelle. Pour qu’il me dise « Vas-y, t’as tes chances » ou « continue à chercher du Taf dans la branche dans laquelle tu as fait tes études ». « Mais qu’est-ce que tu fais encore à te poser la question d’où tu dois aller ? ». Voilà ce qu’il m’a dit. Et, oui, ça a quand même été un peu déterminant.
Dans ce qui m’a donné envie de faire ce métier, je pense aussi à mon parcours de voyages. Je ne suis pas dans un métier où ce n’est pas possible, où ce n’est pas envisageable. Le voyage peut avoir sa place. J’arrive à des projets où les jeunes ont envie de bouger et je les accompagne là-dedans. Avec mon expérience LEONARDO, mon envie c’était de pouvoir parler de LEONARDO aux jeunes mais aussi aux adultes. Leur dire « il y a des possibilités de faire des choses ». Il faut s’en saisir. J’avais envie de partager ça. L’interculturalité, l’ouverture aux autres et la tolérance, si ça ne passe pas par la connaissance de l’autre, on rate un peu quelque chose. Je me mets à la place des jeunes. Il y en a tellement qui se disent « J’aimerais bien mais c’est trop compliqué ». Moi, j’ai rencontré de bonnes personnes à certains moments qui m’ont fait dire « Je vais le faire » et j’ai suivi mes envies jusqu’au bout du monde. Alors, aujourd’hui, si je peux participer à cette inter-connaissance, j’aimerais l’approfondir. Pas en lisant des livres. Juste que ça se vive.
Je suis en contact permanent avec le public, avec l’équipe. C’est fondamental. ça ne m’intéresse pas de faire les choses toute seule. Je donne beaucoup d’importance au collectif. J’essaie de faire en sorte que les gens aient un avis et le défendent, qu’ils s’expriment. Les concrétisations de projets m’ont aussi beaucoup apporté. Le premier, un séjour à Paris, a donné aux jeunes l’envie de s’investir. Une dynamique était lancée. L’année d’après, je partais en Espagne avec un groupe. Ensuite, ces mêmes jeunes ont voulu faire une formation PSC1. Ils se rendent compte qu’il y a des possibilités. Ils font des propositions. La confiance se met en place.
Mes valeurs, je peux les retrouver dans ce milieu. elles peuvent faire partie de ma façon d’être au travail comme dans ma vie personnelle. Sans nuances, sans différences. A la fin de mon « dernier été », qui a duré 2 ans 1/2, j’ai choisi d’en faire mon métier. 8 ans après, j’y suis toujours. Je ne dis plus « L’animation, ce n’est pas un vrai métier ».
Estelle, Animatrice socioculturelle
26 janvier 2015 - Nantes