Portrait Valérie, professeur de langue des signes

Oui, tout, tout est possible

Avant, quand j’étais jeune, je faisais de la cuisine. J’ai appris la cuisine à Fougères. J’ai eu mon diplôme. J’ai travaillé dans la Manche. En 1988, j’ai rencontré mon futur mari et je suis arrivée en 1989 à Pornichet. Je faisais la cuisine pour les personnes âgées, dans une maison de retraite à Pornichet. Je préparais les entrées, les plats chauds, les desserts. Pendant 11 ans, je faisais vraiment tout comme commis de cuisine. En 2002, j’ai arrêté mon travail en cuisine. J’étais enceinte de ma troisième fille. J’ai été licenciée. Je suis restée mère au foyer jusqu’à ce que je trouve le travail de professeur en Langue des Signes.

Il y a à peu près 6-7 ans, à l’association les « Agitateurs de culture » de Pornichet, un professeur est parti.   Alors  ils m’ont demandé si je pouvais être professeur. Moi, je ne savais pas comment faire. J’ai essayé de commencer à faire des cours. Et, après, je me suis regardée d’un point de vue objectif. J’ai vu qu’il y avait des moyens pédagogiques, des outils qui manquaient. J’ai demandé à l’association : « S’il vous plaît, est-ce que vous pourriez me payer pour que je puisse aller à la formation à STEUM, à Nantes ? ». J’ai beaucoup d’amis entendants dans « agitateurs de culture » qui m’ont un peu poussée. ils me disaient « Vas, vas… », moi, « Bon, je pense que mon âge…Je suis un petit peu vieille… », « Non, non, tu peux y aller ; tu peux aller faire la formation. ». J’ai fait la formation pour faire cours en Langue des Signes il y a 3 ans. Pendant 9 mois, j’y ai été une semaine par mois. Je l’ai terminée, il y a 3 ans, fin juin. Maintenant, j’ai un diplôme qui est reconnu à Nantes. Je dis un grand merci à Sylvie, Laëticia. Un grand merci. Elles m’ont vraiment soutenue.

Au début, avec les entendants, je ne comprenais rien. Ils mimaient ou je mimais. Il y avait de la dactylologie. Après, c’était de mieux en mieux. Ce qui était important c’était vraiment les expressions du visage, le comportement, l’interactivité, comment être à l’aise. S’ils étaient vraiment motivés, très rapidement, ils progressaient. S’ils étaient un peu mous, c’était un peu plus long. Il fallait leur donner un peu plus de temps. Oui, tout, tout est possible. Il n’y a pas d’âge. De petite jusqu’à âgée, on peut. Moi, j’aime voir que les entendants soient vraiment, mais vraiment, motivés pour apprendre. Pour communiquer avec les personnes sourdes c’est trop, trop, bien. C’est très agréable. J’avais envie de donner des points pour communiquer, parce que les sourds ont besoin d’accessibilité, que ce ne soit pas de l’écrit, qu’il n’y ait pas d’intervenants. Que ce soit accessible pour les sourds et plus ouvert pour tous, que ce soit plus agréable. Qu’il y ait plus de rencontres. Avec les cours, il y a beaucoup d’échanges, de culture, de travail, d’informations. Il y a beaucoup plus de questions. « Comment les sourds vivent tous les jours ?« . Les sourds, les entendants, l’important, c’est quoi ? C’est l’accessibilité, la communication, aussi le changement de regard. Il faut qu’il y ait un changement de regard parce que les sourds sont encore mal perçus quand même. Les sourds et les entendants, ils sont tous pareils. Sauf que je n’entends pas, c’est tout. Entendants, sourds, on a vraiment beaucoup évolué. Moi aussi, j’ai évolué. J’ai mon identité propre sourde. On peut communiquer. On peut échanger. Entendants et sourds, c’est pareil. C’est juste un handicap. Mais on est à égalité. C’est comme ça.

 

Valérie MALZARD, Professeur de Langue de Signes (LSF) - Visible en langue des signes sur Youtube
19 juin 2015 - Pornichet